Dictionnaire des emmerdeuses by Gofman

Auteur:Gofman [Gofman, Patrick]
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Editions Jacques Grancher
Publié: 2012-04-30T00:00:00+00:00

Alexandra Kollontaï

Cette communiste de gauche est d’origine aristocratique, et l’on ne peut que s’étonner de ce qu’elle ait échappé aux massacres staliniens… Elle est née à Saint-Pétersbourg en 1872 ; à dix-sept ans, elle refuse un mariage arrangé pour épouser à vingt ans un jeune officier qu’elle aime. Mais trois ans plus tard, lasse de la vie de couple, elle rompt avec son milieu pour aller étudier l’économie politique à l’université de Zürich ; où nous retrouverons plus loin les camarades Rosa Luxembourg et Clara Zetkin. La capitale économique et financière de la Suisse était décidément aussi une pépinière de femelles rouges (et encore le berceau du mouvement Dada, en 1916).

Kollontaï adhère au marxisme révolutionnaire en 1898, mais choisit les mencheviks en 1903. La guerre de 1914 l’amène aux bolcheviks. En 1917, commissaire du peuple à la Santé, elle est la première femme au monde à entrer dans un gouvernement. Dès 1918, c’est une opposante de gauche, hostile notamment à la NEP (1921).

On s’en débarrasse en en faisant la première femme ambassadeur au monde, et en l’expédiant en Norvège. Elle récupère pour les Soviets l’or russe caché par Kerensky en Finlande, pays avec lequel elle négocie les armistices de 1940 et 1944.

Elle renonce à ses fonctions en 1945 (elle a 73 ans). Elle rentre à Moscou, et Staline lui permet d’y terminer tranquillement ses jours, en 1952.

Elle était hostile au féminisme bourgeois et subordonnait l’émancipation des femmes à la lutte des classes. Sa vie privée, néanmoins, faisait scandale. Elle approuvait la « théorie du verre d’eau », en vogue alors à l’extrême gauche, selon laquelle on devrait satisfaire ses besoins sexuels aussi aisément que sa soif. Mais Lénine, échaudé par sa syphilis, récoltée auprès d’une prostituée, exigeait la stabilité familiale pour l’URSS. Il demandait rageusement à Clara Zetkin en 1924 : « Certes, quand on a soif, on veut boire. Mais est-ce qu’un homme normal, placé dans des conditions normales, consentirait à se coucher dans la boue et à boire dans les flaques d’eau de la rue ? Boira-t-il dans un verre dont le bord a été sali par d’autres ? »

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